Tout d’abord, même si je pense que cela est inutile parce qu’ils ne liront pas le forum, je pense que nous nous devons d’adresser un grand merci à toute l’équipe de Douarnenez pour la sportivité dont ils ont fait preuve (je pense que le mot fair-play ne convient plus ici). Je me demandais ce matin de quel artifice j’allais bien pouvoir utiliser afin de satisfaire votre envie toujours plus grande de nouveauté, d’originalité, de magnificence verbale, d’impartialité la plus totale, de descriptions les plus réalistes possibles, et caetera. (Et oui, un bon chroniqueur se soit de toujours innover pour tenir en haleine ses lecteurs). Mais aujourd’hui, pas besoin de tenter d’égaler Hugo ou Prévert, la simple narration, aussi sobre soit-elle, des évènements insolites qui se sont produits au cours de ce match suffiront à rendre ce pseudo-article attrayant. (Vous noterez au passage que ma brillante introduction maintient le suspense tout en ne vous dévoilant absolument rien !)
Donc, commençons par le commencement (une petite Lapalissade qui fera plaisir à tous les amateurs de rhétorique). Je pense qu’un petit flash-back s’impose : coup de téléphone hier au club : l’équipe de Douarnenez qui se présente dans notre fief cherbourgeois n’est constituée que de 7 joueurs. Bien entendu, nous ne connaissons pas la composition adverse, mais nous décidons par conséquent de laisser Benoît au repos, pour le remplacer par mon père, et la suite montrera que bien nous en a pris. (enfin relativement...). Une petite ellipse pour continuer, puisque nous passons directement au dimanche matin, où mon père se prépare psychologiquement pour son premier match (et son premier point !) en équipe 1 ! 12h15, nous nous attablons, les frites sont sur la table (et oui, c’était frites ce midi !) et le téléphone retentit, tel le tocsin prévenant les vaillants guerriers de l’attaque ennemie (un petit élan lyrique afin d’agrémenter un peu ce texte). Au bout du fil : Géraldine. Grande nouvelle : le match avait lieu à 11h (eh oui, nos adversaires ayant un peu de route à faire (5h30 de voiture !!!!), le match avait été avancé), et tout Echecs + avait oublié ! Convoqués en urgence, frites abandonnées (et vous savez à quel point ceci m’est insupportable) et nous voilà arrivés au club à 12h30.
Frédéric et le reste de l’équipe, à l’exception de Romain et d’Anne-Laurie sont déjà là. Les deux autres arrivent 5 minutes plus tard. Le match peut enfin commencer, dans des conditions quelque peu particulières. En effet, nos adversaires ont eu la bonté de ne pas nous infliger un match forfait, et nous pouvons jouer nos parties (un forfait à domicile, ça aurait quand même été original, non ?). Toutefois, en compensation, les joueurs d’Echecs + n’ont qu’une heure à la pendule, contre deux pour nos adversaires, et le forfait du 8 se transforme en double forfait : mon père peut rentrer à la maison avec la satisfaction du devoir accompli : il n’a pas perdu ! (C’est pas encore pour aujourd’hui le premier match en équipe 1, ça se mérite !). Le fiasco continue, puisque nous découvrons à notre extrême stupéfaction que nous sommes dans l’impossibilité de faire du café, qu’il n’y a pas de gobelets, bref, que le ravitaillement en cours de partie semble compromis. Heureusement, mon père (encore lui, je pense que c’est le héros du jour) se dévoue et va chercher tout le matériel manquant.
Les parties peuvent donc commencer. Voici les duels qui opposent les joueurs d’Echecs + aux bretons de Douarnenez :
Lelong Eric - Le Goff Damien (2264)
Gallon Willy - Guezennec Franck (2137)
Chaplain Fabrice - Nimeuil Vincent (2040)
Leroy Olivier - Olier Anthony (1825)
Bénard Anne-Laurie - Keravec Julien (1760)
Ledoux Jean-Luc - Ferreira Philippe (1499)
Brixtel Romain - Ganche Michel (1450)
Forfait 0-0 Forfait
Nous inaugurons donc une nouvelle formule : après être passés cette année de 9 à 8 joueurs, nous expérimentons la formule du match à 7 contre 7, avec l’avantage tout de même d’avoir 4 fois les blancs.
Au bout d’une demie-heure de jeu (et oui, les ouvertures ont été accélérées, le temps aidant ...), Eric a une position stable, mais commence à grignoter beaucoup de temps ; Willy a une pièce de moins, qu’il va récupérer, et passe dans une finale avec dame, 2 tours et 6 pions de chaque côté, mais semble moins bien. Fabrice a une position suffisamment compliquée pour que je ne donne pas mon avis dessus, mon adversaire commence à me rendre le temps qu’il a d’avance (j’utilise 3 minutes pour jouer mes 8 premiers coups, lui 25), je n’ai pas eu l’honneur de voir la position d’Anne-Laurie, Jean-Luc a une pièce de moins (!!!) et Romain commence à attaquer.
Une heure de jeu ; Willy a perdu sa finale : 1-0 pour les visiteurs. Eric a toujours une positon aussi solide, mais de moins en moins de temps à la pendule. Fabrice a une position qui se complique de plus en plus, et l’analyse révèlera qu’il voyait des fantômes. Mon adversaire continue de me céder du temps ( 50 min contre 1h10) et me donne également sa paire de fous. Je n’ai toujours pas pu voir la position d’Anne-Laurie. Jean-Luc, qui a lu « le feu sur l’échiquier » récemment, tente d’imiter Shirov, et profite du manque d’expérience de son adversaire pour passer d’une position archi-perdue à une position avec une pièce de plus. Romain continue d’attaquer, vite.
1h30 de jeu : Jean-Luc gagne, Eric tient sa position avec 5 min contre 1h25, Fabrice semble bien, la partie d’Anne-Laurie m’est toujours inconnue, Romain continue d’attaquer. Quant à moi, le fou noir qui n’a désormais plus de rival se permet, monstre cruel, de se placer sur la même diagonale que le couple de monarques de mon adversaire, condamnant par cet acte impitoyable la tête couronnée, et provoquant un abandon instantané. 2-1 pour Echecs +.
2h30 de jeu : Romain gagne, avec 10 secondes à la pendule : 3-0 pour Echecs +. Eric, en grand zeitnot depuis le 18ème coup, résiste toujours. Fabrice a un pion de plus, Anne-Laurie va bientôt mater ... Mais, car il y a un mais (et oui, avec Anne-Laurie, les choses ne sont jamais simples
), il ne reste que 4 secondes à la pendule de notre blonde nationale. Un coup plus tard, 3. Puis 2. Puis 1. A ce moment crucial de la partie, la tension des spectateurs étant exacerbée, une lourde chape de plomb s’étant abattue sur Anne-Laurie, tant la pression était grande, notre capitaine visionnaire, ô inconscient, demande à Anne-Laurie de se lever, la condamnant à tomber ... au 45ème coup ! En effet, notre blonde préférée s’affolait de ne pas voir s’ajouter automatiquement une heure comme en cadence Fischer. Heureusement, elle matait quelques coups plus tard, bientôt imitée par Fabrice : 5-1 pour les locaux.
3h de jeu (enfin presque) : Eric tombe. Son adversaire n’ayant plus que 3 minutes à la pendule, il n’avait pas pu noter les coups joués : reconstitution. Le spectateur qui venait d’arriver, Frédéric Peigney, s’inquiète : le 40ème coup est-il atteint ? (roulement de tambours, musique effrayante, luminosité diminuée, suspense total) OUI ! 42ème coup ! Malheureusement, il possède une qualité de moins, et sa finale semble désespérée. Confirmation une demie-heure plus tard : défaite de notre premier échiquier. Score final : 5-2 pour un match épique, riche en rebondissements.
Merci encore aux douarneneziens (??) de ne pas avoir réclamé le gain.
P.S. : @ Olivier : voilà, j’espère que celui-ci n’est pas trop court.
P.S. 2 (toute ressemblance avec une marque de console est absolument fortuite) : Claire m'a devancé, mais elle n'a pas tout dévoilé : merci à elle !
P.S.3 : mon 100ème message sur le forum, je suis ému